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Une immense sensation de calme de Laurine Roux

18 décembre 2020

 

Une immense sensation de calme

Laurine Roux

Les éditions du sonneur

2018

121 pages

 

 

 

Quatrième de couverture : Alors qu’elle vient d’enterrer sa grand-mère, une jeune fille rencontre Igor. Cet être sauvage et magnétique, presque animal, livre du poisson séché à de vieilles femmes isolées dans la montagne, ultimes témoins d’une guerre qui, cinquante plus tôt, ne laissa aucun homme debout, hormis les « Invisibles », parias d’un monde que traversent les plus curieuses légendes.

« A présent il faut je raconte comment Igor est entré dans ma vie. C’était la fin de la saison froide, j’avais passé l’hiver dans la maison des frères Illiakov. »

Ce roman, ce conte, cette légende, je ne sais comment le nommer, c’est une parenthèse de sérénité dans un monde qui marche sur la tête. On se croirait dans un texte d’anticipation ou dans l’univers d’un conte, on avance à pas feutrés au milieu des montagnes, on côtoie ces fameux « Invisibles », on pleure la mort d’un ours témoin du monde d’avant.

« Le bruit du vent mérite plus d’attention que les vaines paroles. »

J’avoue que je n’ai pas réussi à pénétrer la haie touffue des mots dès la première page, il a fallu que l’auteur m’apprivoise, me trouve là où je n’étais pas. Encore empêtrée dans les affres de la vie réelle, je ne parvenais pas à m’en extraire pour simplement laisser les images envahir mon esprit.

Une fois passé le temps des hésitations devant la poésie des phrases, j’ai été happée et j’ai apprécié cette écriture qui a quelques affinités avec celle de Jeanne Benameur. Cette écriture qui narre la rencontre silencieuse entre deux êtres. Une histoire intemporelle qui balaie toutes les platitudes pour ne céder la place qu’au sublime, au mystère d’un monde dont il ne subsiste que l’essentiel.

« On vit aussi bien sans réponses. »

La nature est un écrin pour les mots de Laurine Roux. Les personnages évoluent au sein des éléments naturels, là où la dureté côtoie la douceur, là où les doigts caressent les plaies.

« Le soleil levait chaque matin son rideau sur une nature différente. La lumière ruisselait dans les branches cristallisées par la glace. Les myriades de teintes allaient du rose au bleu pâle, projetant des flaques colorées sur la surface du lac en banquise. L’hiver révélait des grâces de jeune fille. Le ramage des branches, prisonnières de leur robe de cristal, devenait dentelle, piquetée par endroits de boutons vernis là où les corneilles arrêtaient leur vol. On crissait à chaque pas et c’était délicat, un froissement de tissus précieux. »

Une belle lecture qui malheureusement s’est trop vite estompée, dans la brume des premiers jours d’hiver.

 

 

30 commentaires
  1. J’ai été envoûtée par ce roman et la magnifique plume de Laurine Roux.

  2. Je l’ai acheté suite à la lecture de plusieurs chroniques et il m’attend là bien au chaud…… Sûrement en 2021. J’ai bien aimé la façon dont tu parles d’un début de lecture, que l’auteur nous apprivoise, nous prennent par la main et parfois par le coeur ….. 🙂

  3. aifelle permalink

    J’ai beaucoup aimé cette lecture ; je n’ai pas eu de mal à y entrer du tout, j’ai foncé tout de suite. Et j’ai aimé une rencontre avec l’auteure en septembre à propos de son second roman « le sanctuaire » (qui est dans ma PAL avec une belle dédicace)

  4. « Une belle lecture qui malheureusement s’est trop vite estompée, dans la brume des premiers jours d’hiver. » … Comme la couverture de ce livre sur ta photo qui s’efface dans son décor laissant la place à un joli plat et une plante qui me semble chercher la lumière.

  5. keisha41 permalink

    Cela me fait penser au lac Baikal, ces poissons séchés?

  6. Toujours pas tentée….

  7. je ne me suis pas encore laissée tenter, encore trop de monde en attente dans ma PAL 🙂

    • Je comprends, il faut faire des choix. Il faisait partie de la liste de livres que j’avais faite à ma bibliothèquaire…

  8. C’est un texte que l’on a en plus plaisir à relire, il dévoile des facettes différentes à chaque fois… c’est toujours bon signe, ça 🙂

  9. Il est en poche, aussi est-il possible que je me laisse tenter… les avis que je lis me donnent envie, et laissent à penser que c’est un roman à garder.

  10. Malgré tes arguments convaincants, je passe… un peu pour les mêmes raisons que celles qui m’ont fait écarter Le dit du Mistral..

    • Je peux comprendre que ce ne soit pas ton genre de littérature, mais tu devrais essayer quand même… juste pour voir…

  11. Une parenthèse de sérénité, c’est bien tentant tout de même !

  12. il est dans ma liste denvies!

  13. lu aussi et beaucoup aimé…

  14. Toi aussi tu as pensé à Benameur, ça ne m’étonne pas ! J’ai vraiment adoré…! Je viens de m’offrir son second du coup 🙂

    • Oui, il y a du Jeanne Benameur dans la manière de suggérer l’indicible. Je lirais volontiers Le sanctuaire maintenant.

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