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Le camp des autres de Thomas Vinau

23 juin 2018

Le camp des autres

Thomas Vinau

Alma éditeur

2017

186 pages

 

 

 

 

Première phrase du texte, phrase coup de poing : « Le givre fait gueuler la lumière. »

Ce roman n’est pas un roman, c’est un long poème, c’est un hymne à la nature, à la forêt. Il ne se lit pas de manière linéaire comme beaucoup de romans, il se déguste, il se savoure. Chaque phrase se lit deux fois, dix fois, cent fois, c’est le sel de la vie. Mais attention, ce n’est pas poétique dans le mauvais sens du terme : mièvre, joli, non, c’est âpre, c’est puissant, c’est la vie dans ce qu’elle renferme d’essentiel, la survie en quelque sorte, la liberté, l’appel de la forêt.

Thomas Vinau marie les mots avec aisance, réinvente le langage, crée chez le lecteur un tourbillon de sensations.

Le camp des autres, c’est le camp « de ceux dont on ne veut pas. Le camp des nuisibles, des renards, des furets, des serpents, des hérissons. Le camp de la forêt. Le camp de la route et des chemins aussi.»

Thomas Vinau a écrit là une ode aux démunis, aux personnes libres, à ceux qui sont rejetés. On suit le parcours initiatique de Gaspard, qui fuit le cadavre d’un père honni, et on évolue à ses côtés dans un monde rude, violent, mais profondément humain dans lequel il vivra des moments de bonheur simple.

Une fois refermé, que fait-on ? On l’ouvre à nouveau pour le plaisir de relire à voix haute certaines phrases, certains chapitres.

Inspiré de faits historiques réels, au début du vingtième siècle,Thomas Vinau transcende cette réalité pour nous offrir un texte hors normes. J’ai découvert une écriture ! Et ça me réconcilie avec la littérature française.

 

« Les branches droites, horizontales, montent en parfait colimaçon jusqu’aux culottes de l’horizon. »

« Les mains en sang, la nuque en nage, il est tout échardé de souffrance. »

« Le chien et l’enfant s’ébattent joyeusement dans les gluances chaudes et veloutées de la mort. »

« La glaise, le vent, la brume et la rosée, toutes les obscurités appartiennent à la forêt. Elle est le foyer de tous ceux qui n’en ont pas. De tous ceux qu’on ne veut pas. De tous les chassés, les fuyards, les proies. L’ombre est à la forêt.  » (…) « Elle est l’autre camp. Le camp des autres. »

 

 

26 commentaires
  1. ça te réconcilie carrément avec la littérature française??? ça c’est de l’argument :)) !

  2. Il est dans ma PAL depuis quelques temps. Grâce à toi, je crois qu’il va trouver une place de choix 😉

  3. keisha permalink

    Une découverte de l’auteur, mêem si les différentes parties m’ont étonnée au départ

  4. Un enthousiasme qui me ferait presque passer au dessus de mes réticences pour la prose trop poétique !

  5. Comme Aleslire, je ne suis pas adepte du « trop poétique », mais pourquoi pas, tu es tellement enthousiaste !

  6. delphineolympe permalink

    Une écriture poétique, c’est toujours bon à prendre !

  7. J’ai découvert cet auteur avec Ici, ça va, dont j’avais beaucoup aimé la poésie. Je ne sais pas pourquoi je ne l’ai pas relu depuis (sans doute parce que mes étagères croulent déjà sous les projets de lecture…) mais c’est l’occasion !

  8. j’ai toujours très peur des écritures poétiques, et pourtant j’aime la poésie. Bizarre!

  9. Rien de tel que Thomas Vinau pour se persuader que la littérature français a encore de beaux jours devant elle 😉

  10. Tu étais fâchée avec la littérature française ? Il y a pourtant de très bonnes choses …

    • Je n’aime pas tous ces auteurs français qui écrivent des autobiographies déguisées sous le nom de romans, j’aime les romanciers qui inventent des histoires. Et les anglosaxons le font très bien. Mais il y a de très bons romanciers français… Thomas Vinau en est un !

  11. alexmotamots permalink

    J’ai préféré la seconde partie à la première.

  12. J’aime beaucoup Thomas Vinau que j’ai eu la chance de rencontrer puisqu’il est venu parler à mes élèves !! Tu peux tout lui de lui !!

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