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Les femmes de North End, Katherena Vermette

25 avril 2022

Les femmes du North End, Katherena Vermette, traduit de l’anglais (Canada) par Hélène Fournier, Albin Michel, collection Terres d’Amérique, 2022, 431 pages.

« Sa mère n’était plus une personne, elle était une histoire. »

Stella est réveillée en pleine nuit par son bébé, et elle assiste alors par la fenêtre de sa chambre, médusée, choquée, à une violente agression … C’est le point de départ de ce roman.

Dix voix retracent les évènements jusqu’à cette nuit funeste, chacune de son point de vue, de celle de la victime à celle du bourreau, en passant par les voix des tantes, mères, cousines, sœurs. Une seule voix masculine, celle d’un jeune policier métis. La construction est très habile, on avance progressivement dans la compréhension de la situation. On croit savoir ce qui s’est passé, mais on ne sait rien… Toutes ces femmes ont un lien entre elles, lien d’amitié, lien familial, lien affectif, et puis le pilier, Kookom, celle qui rassemble, qui pardonne, qui transmet, celle qu’on aimerait avoir pour grand-mère. Toutes ces femmes autochtones ont subi la violence de la vie, des hommes, des autres femmes.

Ce roman évoque sans concession la misère, la dépendance à l’alcool, à la drogue, la détresse des unes et des autres, mais malgré la violence, la dureté des situations, ce roman est lumineux, et il dégage une chaleur incroyable. Et pourtant que d’épreuves, que de sacs de nœuds, que de tragédies, de drames silencieux et mal cicatrisés… de l’indicible, des paroles étouffées, des culpabilités mal assumées…

C’est bien la chaleur des relations entre toutes ces femmes, la solidarité, l’entraide, l’amour qui ne se dit jamais mais qui transpire par tous les pores des corps et des cœurs brisés, qui font de ce roman un petit chef d’œuvre d’humanité.

Les personnages sont tous incarnés, ils sont tous d’une belle profondeur, ce ne sont pas des êtres de papier mais bien des êtres de chair et de sang. Leurs liens sont inextricables, sont puissants et on soupire d’aise devant tant d’empathie et de compréhension.

Les phrases de l’auteure, ce sont les chaudes braises au bout du tunnel, c’est l’espoir au sein d’un quartier défavorisé, ce n’est surtout pas le noir pour le noir, c’est le noir auréolé de lumière.

Merci aux éditions Albin Michel pour ce beau cadeau.

37 commentaires
  1. tu confirmes mon envie de le lire!

  2. keisha41 permalink

    Mais oui, je n’ai pas répondu à la proposition, je reste sur le roman de louise Erdrich.

  3. Je l’ai noté chez Electra (ou Marie-Claude ? j’ai un doute…). Je vois que tu confirmes !

  4. aifelle permalink

    Rien que pour l’aspect lumineux, je note ! Et tous ces points de vue de femmes, ça doit être très intéressant à suivre.

  5. Très jolie chronique 🙂

  6. Il m’attend dans ma pal et tu me donnes envie de l’en sortir très vite.

  7. J’ai moi aussi beaucoup beaucoup aimé ce chœur féminin !

  8. Très belle chronique ! tu me donnes très envie de le lire.
    Merci pour la découverte ! Passes une belle journée.

  9. Merci pour cette chronique (et cette découverte !) qui donne très envie : je vais l’acheter pour les bibliothèques car je ne l’avais pas vue passer… Belle journée !

  10. A_girl_from_earth permalink

    J’avais repéré ce livre quand il n’était pas encore traduit et il me tentait bien. Merci pour le rappel ! Il semble vraiment valoir le détour.

  11. J’avais repéré ce roman et je suis ravie que tu confirmes qu’il mérite le détour ! L’autrice sera à Saint-Malo à Étonnants Voyageurs le mois prochain.

    • Ah ! Dommage, je n’y serai pas…. Mais à partir de septembre prochain, je pourrai enfin me rendre à tous les salons du livre que je veux… 😉

      • Vraiment ? Tu veux dire que tu vas prendre ta retraite ? 😉 (mais, non, je te pense trop jeune !)

      • Oui je prends ma retraite… plus jeune que toi mais pas si jeune…

  12. luocine permalink

    un roman très attirant parce que tu sais bien le présenter.

  13. Je l’ai lu et beaucoup aimé aussi !

  14. Je l’avais repéré aussi chez Electra (Marie-Claude aussi en a parlé je crois) et ton billet donne vraiment envie.

  15. Et bien, même si tu es très tentante, je vais attendre le festival de Saint Malo pour acheter ce titre, du coup. J’ai la chance de ne pas habiter loin !

  16. Je n’avais pas entendu encore parler de ce roman. Tu donnes très envie !

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