Comme des ombres sur la terre, James Welch

Comme des ombres sur la terre, James Welch, traduit de l’américain par Michel Lederer, Albin Michel, 1994, 394 pages denses et riches.
Quand j’étais petite j’aimais regarder les westerns et je souhaitais toujours que les Indiens gagnent… Pourquoi ? Parce que je sentais déjà qu’ils étaient maltraités, incompris ? Est-ce que j’avais déjà en moi ce sentiment de révolte contre les oppresseurs ? Ou bien leurs coutumes, leurs couleurs, leurs scalps brandis comme des petites victoires, leurs chevaux fougueux attiraient mon œil de jeune enfant ?
Avec ce roman, on est totalement immergé dans l’univers des Indiens, à la fin du XIXème siècle. On suit le parcours d’un jeune homme nommé Chien de l’Homme Blanc qui deviendra Trompe-le-Corbeau après une expédition contre la tribu des Crows. Comment oublier les cérémonies pour célébrer le Chef Soleil, les rêves prémonitoires des membres de la tribu, les interprétations des signes de la Nature, les révoltes des uns et les soumissions des autres, les scènes de chasse, l’abnégation de Trompe-le-Corbeau toujours prêt à faire passer le bien-être de son peuple avant ses propres désirs ? Ce roman est magnifique dans sa description d’un monde qui se meurt, les Napikwans (les Blancs) se faisant de plus en plus présents, de plus en plus offensifs. James Welch nous invite à comprendre ce monde tellement éloigné du nôtre, parce que tellement proche des forces de la Nature, tellement à l’écoute, tellement imprégné du monde des esprits. Et surtout il démontre, s’il en était besoin, à quel point les Blancs ont su annihiler ce qu’ils étaient, ne serait-ce qu’en leur faisant accéder aux vertus maléfiques de l’alcool, en montant les tribus les unes contre les autres, en les écrasant de leur supériorité d’hommes blancs…
J’ai voyagé avec ce livre pendant plusieurs semaines, le dégustant par petites touches. Il me laissera des images fortes en tête. Si l’on veut comprendre les malheurs des peuples autochtones aujourd’hui, il faut remonter à la source de ce désastre… et ce livre nous le permet… alors, il ne faut pas se priver de telles lectures.
Cette lecture s’inscrit dans l’Objectif Pal d’Antigone.

Les westerns de ma jeunesse ne montraient que de féroces indiens, avec tous les défauts de la terre … c’est plus tard qu’un rééquilibre a commencé à s’opérer. C’est bien que la littérature s’en mêle .. je note.
La littérature amérindienne est très riche et nous apprend plein de choses.
Je me le note, les thèmes me parlent fortement !
Je comprends !
Je sens que je ne vais pas me priver de cette lecture ! Mais j’ai un Louise Erdrich sur mes étagères qui passera avant … Celui qui veille, qui se déroule dans l’univers d’une réserve, dans les années 50.
Ah oui il est excellent ce dernier roman de Louise Erdrich !
J’avais lu « À la grâce de Marseille » de James Welch, sur l’histoire d’un Indien qui se retrouve coincé à Marseille, et ça avait été une belle lecture ! Peut-être moins western que celle que tu nous présentes, mais très touchante.
Je pense en lire d’autres de cet auteur.
Moi je sais pourquoi je voulais que les indiens gagnent : je regardais les westerns en compagnie d’une mère qui jubilait quand un indien trucidait un « américain » (elle fait pareil quand elle tombe par hasard sur l’extrait d’une corrida évoquant un taureau « vainqueur »…) !
Bref, noté !
Oh mais oui c’est amusant, ma mère avait la même réaction !
J’aime quand une lecture reste longtemps en mémoire.
Oui moi aussi, je suis toujours très déçue d’oublier trop rapidement un livre.
les thèmes me plaisent beaucoup, la culture amérindienne (le génocide de ce peuple) alors je me le note 🙂
c’est drôle moi aussi je souhaitais que les Indiens gagnent il y avait un super feuilleton (le terme de l’époque) qui s’appelait « Aigle Noir » et qui m’a beaucoup fait rêver 🙂
Ah je ne connais pas Aigle noir… zut alors !
c’est très vieux mais je garde un souvenir ému … Leurs noms étaient beaux : aigle Noir himself, et son épouse Perle de Rosée 🙂
Très intéressant ! Tu fais bien de parler de ce livre.
Merci Antigone !
Une expo très bien faite au musée des Confluences à Lyon montre bien l’évolution des mentalités. Depuis que j’ai lu Wagamese, le sujet m’attire encore plus.
Il y a beaucoup d’écrits sur les Indiens d’Amérique et Wagamese, Louise Erdrich et bien d’autres témoignent, chacun à leur manière, de ce qu’on a fait vivre à ces peuples autochtones…
je ne e souviens pas du tout e ce que j’éprouvais lors des Western. Je me souviens d’une série Cochise où l’indien avait un rôle positif mais moins que Rintintin le chien qui savait reconnaître les bons indiens des mauvais…
trêve de plaisanteries maintenant que les Indiens ne risquent plus de réclamer leur territoire on les présente positivement !