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Presqu’îles de Yan Lespoux

18 Mai 2021

Presqu’îles, Yan Lespoux, Agullo, 2021, 185 pages


Le Médoc. Ses vins, certes. Mais connaissez-vous ses coins à champignons ? Ses forêts de pins ? Loin des grands vignobles, Yan Lespoux nous emmène dans l’univers des gens désespérés, des chasseurs, des vies minuscules et des peines majuscules, des personnes au bout du rouleau, de ceux qui rêvent d’un ailleurs meilleur mais s’enferrent dans leurs vies étriquées.

Ces nouvelles sont des tranches de vie, parfois cocasses, souvent tragiques. Les textes sont courts parfois un peu plus longs, ils laissent souvent un goût amer, ils se répondent les uns aux autres. D’une solitude à une autre, l’auteur tisse une toile réaliste et dramatique.

L’auteur aborde aussi à de multiples reprises le chauvinisme, l’appartenance forte à une région, « il n’est plus d’ici » celui qui est parti trop longtemps et qui se sent étranger lorsqu’il y revient pour un enterrement. On n’aime pas les parisiens, les bordelais… On s’en méfie.

Très drôle cette nouvelle nommée « L’Arabe » qui montre à quel point le racisme prend racine sur l’ignorance et la bêtise.

Les nouvelles regroupées sous le thème de la noyade commencent ainsi :

« Ah ! Le premier noyé de la saison ! » Cette phrase, depuis tout petit, je l’ai entendue, comme il convient, une fois par an. Au moins. Parfois, on oublie qu’il y en a déjà eu un avant. C’est ce qui arrive quand le premier noyé de la saison est vraiment précoce. Tellement précoce qu’il est même délicat d’affirmer que la saison a commencé. » 

 L’humour noir de l’auteur m’a saisie d’emblée, j’ai aimé qu’il parle du premier noyé de la saison, comme des premiers champignons, ou du premier soleil…

J’ai aimé être surprise par la violence de certaines nouvelles (Cambriolage), les chutes terribles (Moisson), les atmosphères, les peintures tout en finesse de vies délabrées (Rien ne va plus), j’ai aimé les scènes burlesques, j’ai souri, j’ai été émue, j’ai été surprise, j’ai perçu toute la pudeur et la l’affection d’une relation entre un grand-père et son petit-fils (Le couteau).

Ce recueil de nouvelles est une belle réussite parce que les textes sont variés et même si je ne les ai pas tous appréciés de la même façon, globalement, j’ai fini ce recueil avec une très bonne impression.


Yan Lespoux tient aussi un blog tout à fait intéressant : http://www.encoredunoir.com/


Lecture commune avec Ingannmic dans le cadre du challenge d’Electra et Marie-Claude

33 commentaires
  1. aifelle permalink

    Plutôt tentant ce recueil de nouvelles, elles se déroulent toutes dans la même région ?

  2. keisha41 permalink

    Inganmic est enthousiaste aussi, donc…

  3. flyingelectra permalink

    ah tentant ! merci 🙂

  4. vu l’enthousiasme je le note je suis peu branchée nouvelles (du moins j’ai du mal à rédiger des chroniques sur les nouvelles!) mais de temps en temps cela fait du bien

    • Ah oui alors, j’ai un mal fou à rédiger des chroniques sur les nouvelles, moi aussi ! Mais j’aime les lire.

  5. J’ignorais que Yan Lespoux était à la barre de ce blog sur lequel je vais fureter à l’occasion.

    Tes mots sont alléchants. Je suis curieuse d’en lire plus. Agullo réserve souvent de belles surprises.

  6. cela pourrait être intéressant en effet!

  7. A_girl_from_earth permalink

    Pas très nouvelles mais si ici elles sont assez variées et qu’il y a du cocasse et de l’humour noir, je pourrais y jeter un oeil.

  8. Ah mais ça m’intéresse ! Pour le genre de nouvelles noires, pour la région que j’aime beaucoup, pour l’auteur (je découvre que l’auteur a un blog que je connais un peu)

  9. Vos chroniques en écho ont de quoi nous convaincre !

  10. Ah oui, je l’ai repéré celui-ci, certainement au programme de mon été 🙂

  11. J’aime bien ce mois de la nouvelle, je découvre plein de beaux titres.

    • Ah oui les challenges permettent de découvrir plein de titres intéressants pas encore mis en lumière.

  12. Je l’avais déjà repéré après un billet enthousiaste d’une autre blogueuse. Un recueil bien tentant.

  13. luocine permalink

    Je n’ai aucune illusion sur les habitants de la campagne, la seule différence avec les urbains c’est qu’ils ne peuvent rien dissimuler car à la campagne tout se sait . Et c’est loin d’aider ceux qui voudrait être différents du groupe auquel ils sont obligés d’appartenir tout simplement parce qu’ils sont nés là.

    • Tout à fait juste, ta remarque. Les urbains peuvent vivre dans la l’anonymat le plus complet. A la campagne, on ne peut pas…

  14. Tu parles très bien de ce recueil… Mais pas fan des nouvelles, je préfère éviter de m’y diriger volontairement…

  15. Je suis ravie que cette incursion dans cette région que je conais très bien (vivant juste à côté) t’ait embarquée ! Comme toi, j’ai essentiellement apprècié l’humour et la variété des textes. Mon conjoint l’a lu juste après moi, et s’est payé quelques crises de rire (il faut dire que certaines scènes avaient pour lui un fort goût de vécu !!)…

    • Ah ! tu es revenue ! C’est grâce à toi et à tes propositions de lectures que j’ai découvert ce recueil, je t’en remercie ! Tu es souvent de bon conseil…

  16. Bonjour Krol, je note ce recueil de nouvelles sur cet écrivain dont je suis le blog avec intérêt. Moi qui suis girondine du sud (et landaise) par mon papa, je ne connais pas du tout le Médoc. Je pense que cela va plaire. Bon dimanche.

  17. La citation que tu as choisie donne un avant goût d’un l’humour noir que j’apprécie particulièrement ! Je note le titre moi aussi, grâce à vos deux recommandations.

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  1. Yan Lespoux, Presqu’îles – Lettres exprès

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