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L’intimité d’Alice Ferney

28 décembre 2020

 

L’intimité

Alice Ferney

Actes Sud

Août 2020

356 pages

 

 

 

Quel cheminement étonnant !

J’ai démarré ce livre sur les chapeaux de roue, je retrouvais l’écriture sensible de cette auteure dont j’avais tant aimé Grâce et dénuement ou Conversation amoureuse, et pendant la moitié du livre, j’ai aimé suivre Alexandre (tour à tour émouvant, agaçant, amusant, subtil, patient), Sandra (une féministe au grand cœur), Ada (celle qui est morte trop tôt). Mon cœur a été malmené, d’entrée de jeu, par un trop-plein d’émotions. Je reprenais le roman avec plaisir, l’amitié qui se tissait entre Sandra et Alexandre était intéressante. La recherche sur un site de rencontres de la femme idéale pour Alexandre, qui avait perdu la sienne quelques années auparavant dans des circonstances dramatiques, m’a fait sourire.

Et puis j’ai eu l’impression que l’auteure changeait radicalement de manière de narrer son histoire. Exit la matière romanesque, bonjour Internet et ses sites d’information, ses forums. J’ai subi des pages entières d’extraits de sites dont je n’avais cure et j’ai commencé sérieusement à m’ennuyer et à m’agacer. L’aspect didactique m’a gênée.

Où l’auteure m’emmenait-elle ? Sur quelle voie ? Vers quelles démonstrations ? Asexualité, désir d’enfant, PMA, FIV, GPA et tous les poncifs qui vont avec.

Alexandre avait disparu, nous n’étions plus que dans l’esprit d’Alba, une femme présentée comme un bloc de glace, qui n’accepte de fondre qu’au contact des enfants, j’étais perdue, Alice Ferney m’avait égarée en route. J’ai usé et abusé de la lecture en diagonale.

Mais dans le dernier quart du roman, on assiste à une partie de bras de fer, certes en douceur, avec parfois de belles pages, mais on lit pour savoir qui gagnera ce combat. On assiste aux arguments des pro et des contre GPA. On garde sa propre conviction, même si elle ne s’appuie sur aucune certitude. Bref, on lit tout jusqu’au bout parce qu’on veut savoir ce que ce couple va finalement décider et… on reste sur sa faim. Alice Ferney termine son roman par une pirouette, certes plutôt finement vue mais une pirouette quand même.

On reste avec des questions : Pourquoi désire-t-on un enfant ? Et pourquoi voulons-nous à tout prix qu’il soit de nous ? Qu’est-ce qu’être mère ? Peut-on l’être sans avoir porté l’enfant ? Peut-on confondre maternité et gestation ou au contraire doit-on les dissocier ? Est-ce qu’une femme exerce sa liberté lorsqu’elle décide de faire appel à une femme porteuse ? Et quelle est la liberté de celle qui accepte de porter l’enfant d’une autre ? Bref, des tas de questions qui suscitent des réponses diverses et variées, des querelles entre amis… La science est-elle toujours un progrès ? Les personnages de ce roman sont tiraillés entre leurs doutes, leurs certitudes et leurs contradictions. Le lecteur aussi.

Pour conclure, j’ai eu un gros passage à vide au milieu du roman mais, globalement, j’ai été plutôt intéressée par le sujet, parfois agacée par les comportements des personnages mais plus on progresse dans le livre et moins les personnages sont importants. C’est ce que je peux reprocher au roman : avoir laissé trop de place à la théorie, aux réflexions, aux démonstrations au détriment de l’aspect romanesque.

 

31 commentaires
  1. Le thème de la maternité sous différents angles de vue m’intéressait mais du coup…. Si il est à la bibliothèque mais peut-être pas un achat😉

  2. aifelle permalink

    Je n’ai rien lu d’Alice Ferney ; si jamais je me décide à la lire, je commencerai par « Grâce et dénuement ».

  3. keisha41 permalink

    A Aifelle : grâce et dénuement est très bien.
    Pour ce livre récent, bah je ne sais pas trop, il est à la bibli, au cas où

  4. Je l’ai acheté sur les recommandations de ma libraire, j’avais aimé les livres lus d’Alice Ferney mais cela fait longtemps que je ne l’avais plus lue!
    J’espère apprécier cette lecture 🙂

  5. Une autrice que j’apprécie. Mais le côté passage à vide ne milieu de roman me tente moins.

  6. je n’ai pas encore commencer à découvrir ses livres…. Ceci dit »Grâce et dénuement » est dans ma PAL depuis des lustres je commencerai plutôt par celui-là…
    Si je le vois à la BM je tenterai peut-être quand même 🙂

  7. Toujours pas lu Alice Ferney. Je suis allée l’écouter en librairie sur ce livre justement. Rencontre très intéressante mais qui ne m’a pas incitée à le lire car j’ai eu l’impression d’en savoir déjà trop. Je tenterai le coup un jour mais pas avec celui-ci je pense.

  8. Si j’ai bien compris, il faut donc noter Grâce et dénuement…

    • Tout à fait. C’est amusant, au moment où j’appuyais sur envoyer sur ton blog, je recevais ton commentaire sur le mien !

  9. A_girl_from_earth permalink

    Toujours pas lu cette auteure mais si un jour je me décide, ce sera avec Grâce et dénuement aussi.:)

  10. J’avais adoré L’élégance des veuves et je suis tentée par la thématique de celui-ci mais ton ressenti me refroidit. La conversation amoureuse est dans ma pal, je le lirai d’abord.

  11. pas sûre de tenter tout de suite…!

  12. Delphine Olympe permalink

    Il fait partie des bouquins que je viens d’emprunter à la bibliothèque, mais tu me refroidis un peu là…

  13. Déja le sujet ne me tente pas vraiment, mais vu ton agacement et tes lectures en diagonale, je vais carrément faire un saut de mouton et éviter ce roman !

  14. j’avais hésité et je crois que je n’ai pas envie de rompre le charme de Grâce et Dénuement…

  15. luocine permalink

    Moi j’ai aimé « les Bourgeois » . Elle cherche à comprendre le couple de son époque après avoir analysé ceux des ses ancêtres , un beau projet ! et au moins elle a encore beaucoup de choses à découvrir , donc beaucoup de romans à écrire .

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