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L’amour et les forêts d’Eric Reinhardt

4 octobre 2015

reinhardtTitre : L’amour et les forêts

Auteur : Eric Reinhardt

Editeur : Gallimard

Date de parution : 21 août 2014

368 pages

 

 

 

 

Je ne voulais pas le lire. J’avais tellement détesté Cendrillon (que j’avais abandonné au milieu, exaspérée par le style et par l’histoire) et les interviews de l’auteur m’horripilent à un point tel que je me refusais de lire ce roman, pourtant apprécié sur la plupart des blogs.

Il a fallu toute la persuasion de mon plus cher ami (qui connaît parfaitement mes goûts littéraires) pour me laisser fléchir et lorsqu’il m’a mis le livre dans les mains avec cette injonction : « lis-le, je t’assure que c’est extraordinaire ! », je l’ai saisi de mauvaise grâce, avec l’arrière-pensée que je n’en lirai que quelques pages…)

Et puis j’ai été séduite immédiatement par l’écriture. Quel style ! De longues phrases extrêmement bien tournées, des mots justes, une écriture qui fait naître des images aussi réelles que si la scène se déroulait devant nos yeux et des émotions qui surgissent sans crier gare. Nulle trace de ce style que j’avais trouvé pompeux (lors de ma lecture de Cendrillon), d’un auteur se regardant écrire. La musicalité des mots résonne à nos oreilles et atteint notre cœur et nos tripes avec une aisance incroyable.

L’histoire n’est pas étrangère à la fascination qu’exerce ce roman. J’ai été happée, malmenée, j’ai avalé les pages comme si c’était un roman policier, ayant beaucoup de mal à refermer le livre, attendant avec impatience le moment propice pour me replonger dans cette atmosphère étouffante, pleine de souffrances. La précision psychologique, les multiples interrogations de l’héroïne, ses contradictions qui sont le ferment de tout être humain, sont si bien décrites par les mots de l’auteur qu’on ne peut rester insensible.

Est-il besoin de raconter l’histoire ? Je suppose qu’elle est connue de tous. Une femme subissant le harcèlement de son mari tente de s’ouvrir une porte de sortie en idéalisant sa vie.

Quant au dernier chapitre, il m’a anéantie. Je l’ai lu, les larmes dégoulinant sur mes joues. La beauté de ce dialogue sur les arbres est sidérante. Chaque parole suscite une double interprétation, c’est sublime.

Bien sûr, j’ai lu la polémique autour de ce roman, mais elle n’a aucunement entachée mon adoration pour ce livre qui, malgré un sujet lourd et pesant, met  à jour le pouvoir magique de l’écriture.

 

 

24 commentaires
  1. Jamais lu l’auteur, mais il me semble que j’avais feuilleté (en en lisant des passages) ce fameux « Cendrillon » et que je m’étais dit que ce n’était pas pour moi. Quoi qu’il en soit, j’ai un a priori négatif … mais j’avoue qu’après lecture de ton billet, il en a pris un coup !
    J’ai lu effectivement pas mal de critiques (très) positives au sujet de ce roman (d’ailleurs, j’en connais même la fin, je ne sais plus où je l’ai vue, dommage). Je continue à être très réticente à cause du thème mais ce que tu dis au sujet de l’écriture et aussi des « contradictions qui sont le ferment de tout être humain » (quelle belle formule) m’interpelle.

  2. keisha41 permalink

    Aïe, j’ai abandonné quand elle cherche le prince charmant sur M (bon, je ne spoile pas trop, c’est quand même dans le début) et j’ai des regrets de ne pas avoir accroché pour connaître autre chose que le début (et la fin)

    • On est tous différents et ce que certains aiment, d’autres détestent ! Cendrillon a été encensé par la critique et j’ai détesté !… mais je suis contente d’avoir pu lire un autre roman de cet auteur… et d’avoir pu ainsi changer d’avis sur lui.

  3. Je l’ai beaucoup aimé car il décrit très bien la maltraitance psychologique, même s’il ne peut s’empêcher de se mettre en avant.
    je voulais lire un autre de ses romans (« Le système Victoria » et puis … j’ai trop de livres dans ma PAL donc je préfère lire d’autres auteurs pour l’instant

  4. eimelle permalink

    exactement comme toi, j’ai abandonné Cendrillon, mais j’ai bcp aimé celui là!

  5. J’avoue que je n’ai pas lu du tout de polémiques sur ce roman car je suis assez absente de la toile mais j’aime énormément les belles écritures.

  6. Je n’ai jamais lu l’auteur mais ce roman là, je l’ai acheté… Tu me donnes encore plus envie de le découvrir !

  7. Je passe n temps à hésiter. Je pense que je vais attendre sa sortie poche maintenant.

  8. j’ai détesté le parti pris de l’auteur, c’est à dire rendre la fiction encore plus sombre que la réalité. La fin est insoutenable et puisqu’il a puisé son inspiration dans une histoire véridique, il aurait pu respecter la vraie fin, c’est à dire la fuite de cette femme hors les griffes de son mari manipulateur, narcissique et pervers. Vraiment, ce genre littéraire qui mélange réalité et fiction me gène beaucoup, ce sont les vraies lettres de cette femme qu’il a utilisées. Il ne me donne qu’une envie : surtout ne racontez rien de votre vie à un écrivain , ce sont eux aussi parfois des manipulateurs pervers.

    • Je n’ai découvert le fin de mot de l’histoire de ce roman qu’après l’avoir lu et apprécié ! Personnellement, je préfère les romans sombres et la fin me plaît bien, parce que justement c’est un roman ! Et oui, les écrivains se servent de nos vies pour alimenter leurs romans, alors si on ne veut pas qu’un auteur se serve de notre vie privée, il ne faut, bien sûr, pas lui raconter !!! Il n’empêche que l’écriture d’Eric Reinhardt est tellement belle et juste qu’il a fait un bel objet littéraire de cette triste histoire.

  9. je te rejoins tout à fait, « fascination » convient pour ce roman, j’ai été fascinée… ! Un excellent souvenir!

  10. sous les galets permalink

    Il est sur ma liste, ton billet est magnifique dis donc…Il y a plein de blogueuses dont je partage les goûts qui l’ont adoré, tu me convaincs encore plus….

  11. J’avais apprécié ce roman plus que je ne l’aurais imaginé, mais je lui avais trouvé quelques défauts aussi. Son principal mérite à mes yeux est de susciter l’échange et la discussion.

  12. J’en garde un très bon souvenir. ok, pour ce choix !

  13. J’ai ce livre dans ma PAL depuis qq temps déjà… votre article me donne envie de le sortir

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