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Le bruit de tes pas de Valentina D’Urbano

23 juillet 2014

le-bruit-de-tes-pasTitre : Le bruit de tes pas

Auteur : Valentina D’Urbano

Traduit de l’italien par Nathalie Bauer

Editeur : Philippe Rey

Date de parution : 5 septembre 2013

238 pages

 

 

 

 

Il n’y a pas tant de livres que ça qui me tirent des larmes… Celui-ci en fait partie.

Quelle écriture ! Quelle histoire !

 

Les années de plomb en Italie, les années 70 et 80, la misère sociale et l’exclusion et une terrible histoire d’amitié, d’amour, de survie et de mort.

La Forteresse n’est pas décrite au lecteur, elle s’impose à lui. On y vit, on y est, on fait partie des personnages qui hantent ce lieu.

D’ailleurs, ces fameux personnages ont une force de vérité qui les rend vivants. Ils existent, ils sont faits de chair et de sang, ils ne sont pas des êtres de papier et d’encre. On les côtoie, on les comprend, on les supporte, on les aime. On souffre, on rit avec eux, on a envie de les frapper, on crie, on jure. Et en même temps, ils gardent leurs secrets parce qu’on ne connaît des gens que ce qu’ils veulent bien nous offrir d’eux.

Ce roman nous remue parce qu’à la fois le quotidien décrit ici nous paraît invivable (à nous petits bourgeois nés dans le bon quartier), et à la fois on s’attache (non sans douleur) à ce lieu sordide et à ses habitants.

Une construction en boucle (le roman s’ouvre sur la fin, sur la terrible fin) mais une dernière surprise malgré tout aux dernières pages, une écriture qui mêle poésie et âpreté, et la voix de la narratrice aussi bien capable d’humour que de violence, une voix qui ne me quittera pas de sitôt…

Voilà le début, les premières lignes d’un premier chapitre que j’ai lu trois fois :

 

« 24 juin 1987
Les jumeaux, voilà comment les gens nous appelaient.
Ils disaient qu’on était identiques, même si on ne se ressemblait pas.
Ils disaient qu’on était devenus le portrait craché l’un de l’autre à force de se côtoyer, deux gouttes d’eau. J’étais devant l’église.
Les graviers blancs se faufilaient dans mes sandales, me torturaient les pieds. Mais je n’y faisais pas attention, je continuais mon chemin jusqu’à l’ombre du parvis.
Vue de loin, l’église du quartier est un énorme blockhaus gris maladroitement encastré entre les immeubles. On dirait qu’on l’a fichée, enfoncée dans un trou trop étroit. Pourtant elle est là depuis des années et, de près, on la voit pour ce qu’elle est : quinze mètres de béton et des petits vitraux apparemment noirs, une porte renforcée, au sommet une croix tordue et toute rouillée qui tient comme par miracle.
On l’appelle la Pagode.
Ici, tout a un surnom. L’église, c’est la Pagode. Le quartier, c’est la Forteresse.
Et nous, on était les jumeaux. »

 

Et puis tiens, un dernier titre avant la clôture du challenge 1% de la rentrée littéraire 2013. challenge 1%

 

 

 

16 commentaires
  1. luocine permalink

    tiens encore un livre sur l’Italie si je comprends bien il peut compléter ma lecture d »Eva dort »
    luocine

  2. eimelle permalink

    je note!

  3. Oh visiblement une belle et étonnante lecture.

  4. Je te rejoins tout à fait, c’est une lecture émouvante, mais dans la sobriété…

  5. J’ai été bouleversée par ce roman…! Poignant et sacrément bien écrit !
    http://aliasnoukette.fr/le-bruit-de-tes-pas-valentina-durbano/

    • Tu fais partie des gens de la blogosphère qui m’ont incitée à lire ce roman… je n’en ai lu que des éloges !

  6. Et bien je note ce livre apparemment fort et bouleversant…

  7. Je suis heureuse de lire cette chronique : ce roman m’a terriblement touchée, je m’en souviens encore si bien presque un an après ! J’ai regretté qu’on en parle si peu !

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