Aller au contenu principal

La maison allemande d’Annette Hess

26 Mai 2021

La maison allemande, Annette Hess, traduit de l’allemand par Stéphanie Lux, Actes sud, 2019, 391 pages


Eva, jeune femme allemande, est engagée pour traduire les dépositions des polonais, rescapés d’Auschwitz, dans le second procès (1963) qui doit juger les crimes des dignitaires nazis. La plupart des allemands ne veulent pas de ce procès, ils préfèrent oublier.

Pas évident de juger des faits historiques dans un pays où tout le monde a participé d’une manière ou d’une autre au système nazi.

« Ce qui était légal à l’époque ne peut être jugé illégal aujourd’hui. […] Les accusés ayant participé à l’Holocauste sont jugés en fonction de ce principe. Seuls ceux qui ont fait du zèle et tué en contrevenant aux ordres ou de leur propre initiative peuvent être condamnés pour meurtre à la réclusion à perpétuité. Ceux qui n’ont fait qu’obéir aux ordres sont considérés comme complices. »

Roman sur la culpabilité, celle des bourreaux, celle de ceux qui ont été épargnés, celle des enfants des personnes qui ont été complices… et sur la non culpabilité de certains qui se dédouanent comme ils peuvent, « on ne savait pas », « on était obligé », « on n’avait pas le choix », et puis les petites phrases telles que :

« Laisse le passé où il est Eva. Ça vaut mieux, crois-moi. »

Eva, « candide et ignorante », ne sait rien de ce qui s’est passé pendant la seconde guerre mondiale, de même qu’elle ne connait rien de son propre passé lorsqu’elle accepte cette mission. Va alors débuter pour elle un long chemin de construction personnelle, dans un pays où la reconnaissance de l’Holocauste est loin d’être adoptée par tous.

L’auteure s’attache à traduire la prise de conscience de son héroïne. Celle-ci se débat entre sa mission et sa vie personnelle. Elle est fiancée à un jeune homme riche, qui ne voit pas d’un bon œil sa participation à ce procès et qui souhaite qu’elle ne se consacre qu’à lui et à son futur mariage. Au début des années 60, la femme ne pouvait travailler sans l’accord de son mari, à qui elle doit obéissance. Eva est une femme déterminée et va braver les réticences des uns et des autres pour parvenir à ses fins, non sans fracas.

Ce livre, éminemment romanesque, s’appuie sur les procès-verbaux et les témoignages du premier procès d’Auschwitz. Il est vraiment intéressant.

29 commentaires
  1. aifelle permalink

    Le thème m’intéresse et je vois qu’il est en poche maintenant ..

  2. keisha41 permalink

    Vraiment ignorante, Eva? Mais ça a l’air intéressant.

    • Elle est allemande, elle est très jeune, ses parents ne veulent pas parler de la guerre… c’est plausible.

  3. J’avais la même question que Keisha. Il est possible d’avoir été ignorante en 1963 ?
    C’est un peu trop romanesque, non ?

    • Je pense que les allemands ont mis du temps avant de reconnaître la réalité des camps d’extermination… D’autant plus qu’ils ont souvent plus ou moins contribué au régime nazi…

  4. Je l’avais noté celui-ci, j’ai hésité car le postulat de départ me dérange un peu, comme le fait remarquer Kathel.

    • Il faudrait faire une recherche historique mais c’est plausible, d’autant plus que l’auteure s’est basée sur des faits réels.

  5. le thème m’intéresse toujours autant alors je le note

  6. Intéressant, je n’en avais pas du tout entendu parler. Je note ça.

  7. je me demande pourquoi tu écris à l afin de ton billet « éminemment romanesque » ça me fait un peu fuir ce livre.

    • Parce que tout ce qui entoure la vie de la jeune fille jure un peu avec la réalité de la situation…

  8. J’hésite, je garde un pied sur le frein…

    Par ailleurs, son fiancé riche semble insupportable, je me trompe?

  9. J’attendais sa sortie en poche !

  10. A_girl_from_earth permalink

    Ça a l’air assez chargé mais très intéressant en tout cas.

  11. Pour la thématique abordée, j’aimerais beaucoup le découvrir.

  12. J’avais beaucoup aimé ce roman sur la culpabilité.

  13. Une bonne idée à noter pour le futur mois allemand, c’est une nationalité qui fréquente très peu ma PAL…

  14. Doudou Matous permalink

    Très bon roman sur le thème de la Shoah et la prise de conscience d’une génération. Il se lit facilement.

Trackbacks & Pingbacks

  1. Annette Hess, La maison allemande – Lettres exprès

Laisser un commentaire