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Nickel boys de Colson Whitehead

9 octobre 2020

Nickel Boys, Colson Whitehead, Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Charles Recoursé, Albin Michel, Août 2020, 259 pages

Je me souviens de l’article très élogieux de The Autist Reading qui a lu ce roman en anglais, il n’était pas encore traduit, et j’avais fulminé, ne pouvant lire que le français, et devant attendre sa parution en France… Il m’avait mis l’eau à la bouche et je me disais que j’allais lire un grand livre. Je n’avais pas tort.

En 2014, un article de presse annonçait que des restes humains avaient été retrouvés dans un cimetière clandestin de l’établissement Dozier School for boys fermé en 2011. Des enfants ! Des cadavres d’enfants torturés !

Colson Whitehead s’est emparé de ce sujet à peine croyable pour en faire un roman à la construction habile.

On a l’impression de lire un documentaire sur ce lieu et en même temps on s’attache au jeune Elwood, victime d’une injustice.

L’action se situe en Floride dans les années 60, encore sous le joug des lois ségrégationnistes Jim Crow. Nickel est le nom de cette « école » ou plutôt de cette prison pour enfants. Étaient envoyés là ceux qui avaient volé, les petits malfaiteurs en herbe que l’institution pensait remettre sur le droit chemin. Elwood aurait pu faire de brillantes études, il était sérieux, certes à l’écoute de Martin Luther King mais sans être révolté, il était décidé à aller à l’université. Seulement, voilà, il n’a pas eu de chance et a été stoppé net sur sa lancée.

La voie qui mène aux études n’est pas la même si tu es noir ou si tu es blanc, et surtout si tu as la malchance de monter dans la mauvaise voiture. Erreur judiciaire, ou mauvaise couleur de peau. Il n’empêche qu’Elwood va se retrouver à Nickel. Il croit pourtant en la justice, il pense pouvoir changer les choses, pulvériser Nickel. Son ami Turner, plus pragmatique, moins idéaliste, va essayer de l’aider…

C’est un roman ramassé, concis qui va droit à l’essentiel tout en réservant une belle surprise romanesque.

Il n’y a aucun pathos, seulement des faits. L’auteur ne surenchérit jamais dans la description des sévices, et ainsi laisse libre cours au lecteur d’imaginer, de se révolter, de se faire ses propres images et de hurler s’il le souhaite.

Le seul bémol que je pourrais émettre s’il en fallait un, c’est à propos de cette concision. J’aurais aimé un livre plus épais, un texte plus étoffé, une petite centaine de pages de plus. J’ai été surprise par cette brièveté.

35 commentaires
  1. C’est le même bémol que j’ai émis. J’aurais voulu plus d’épaisseur.

    • Je garde plus facilement en mémoire des romans qui m’ont demandé plusieurs jours de lecture. Celui-ci est puissant, fort mais j’en suis sortie trop vite.

  2. Il m’attend dans ma bibliothèque. J’ai lu « Underground Railroad », très intéressant mais un peu « désincarné » à mon avis. Celui-ci m’a l’air plus intense..

  3. Trop concis aussi à mon goût mais ça reste une lecture forte malgré tout.

  4. Le bémol que tu évoques je le comprends mais je pense que la démarche de l’auteur était d’être le plus distant possible par rapports aux faits réels et si proches…… Mais en y mettant sa touche personnelle avec le twiste final. Tout prend une autre dimensions. Un début et une fin de roman inoubliables 🙂

    • Tu as tout à fait raison, c’est juste un tout petit bémol qui ne concerne que ma mémoire vacillante.

  5. rizdeuxzzz permalink

    J’ai plus ou moins le même avis : un peu plus d’approfondissement et un peu plus d’émotion n’auraient pas fait de mal…
    Cependant, je suis curieuse de découvrir son premier roman maintenant.

  6. keisha41 permalink

    je viens juste de le lire, j’ai aimé que l’auteur n’en rajoute pas dans les détails sordides, mais c’est sûr, on aurait pu en savoir plus, par exemple sur la façon dont ça a été découvert récemment

  7. il est en attente pour moi… Je suis débordée en ce moment 🙂 🙂
    je n’ai pas lu encore le précédent…

  8. Je n’ai pas lu Underground Railroad, je pense que je lirai celui-ci.

  9. J’ai lu Underground Railroad et j’ai aimé. Je lirai certainement Nickel Boys prochainement. Merci pour la suggestion de lecture!

  10. A_girl_from_earth permalink

    Il me reste encore à lire Underground Railroad qui est dans ma PAL. J’espère ne pas l’y laisser traîner trop trop longtemps encore…

  11. Pour moi, cette brièveté et cette mise à distance me rendent le roman encore plus fort, c’est vraiment une question de goût (ça apparaît bien dans les commentaires).

    • Tout à fait, moi je n’avais pas envie de sortir si vite des pages du roman, je l’ai lu trop vite, je n’avais qu’à ralentir ma lecture, bien fait pour moi ! 🙂

  12. La brièveté du roman m’a également surprise. Une légère déception, je m’attendais à mieux de la part de l’auteur.

    • J’ai aimé la puissance de ce roman, mon bémol est tout petit, j’aurais juste voulu rester davantage dans les pages du livre.

  13. J’ai prévu de le lire. J’avais beaucoup aimé son précédent.

  14. c’est drôle, cette remarque sur la brièveté, c’est souvent l’inverse. Je le lirai, il m’a l’air bien meilleur encore que son précédent qui n’était déjà pas mal…

  15. Comme A girl, j’ai d’abord Underground railroad dans ma PAL. On verra ensuite !

  16. c’est fou tout ce que le racisme conduit à faire ! Quelle horreur

    • Ah oui c’est insupportable ! J’ai regardé un documentaire sur le Ku Klux Klan récemment, et ça aussi, ça me révolte et me hérisse le poil. Comment l’homme peut-il être aussi mauvais, bête et méchant ?

  17. aifelle permalink

    Je n’ai pas lu le premier, je commencerai plutôt par celui-ci.

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