Furies de Julie Ruocco

Furies, Julie Ruocco, Actes sud, août 2021, 288 pages
Et si je commençais l’année en vous parlant d’un roman qui m’a bouleversée ?
Le printemps arabe, le printemps des révolutions arabes… on se souvient de cette vague de liberté déferlant sur le monde. Mais aujourd’hui qu’en reste-t-il ? Que sont devenues toutes ces femmes qui rêvaient d’un pays libre ? Aujourd’hui, il reste des pays meurtris où la guerre s’est installée, où les fous de Dieu ont pris le pouvoir, où les dictateurs en place ont exterminé leur peuple…
La Syrie, un pays en feu, un pays entre pouvoir corrompu, sanguinaire et Daech, avec sa noirceur, sa cruauté et son obsession du corps féminin qu’il veut cacher jusqu’à l’annihiler… La beauté du pays noyée dans la férocité des hommes.
Bérénice est à la recherche d’objets d’art du passé, Asim ensevelit les morts et distribue leurs noms à ceux qui peuvent les faire revivre dans un ailleurs plus humain. Ils ne se rencontrent pas tout de suite, et l’on commence par les suivre chacun dans leur pays, chacun dans leur famille…
C’est un premier roman mais tellement maitrisé dans la narration, dans l’art de conter une histoire tragique, qu’on a l’impression qu’il a été écrit par une auteure expérimentée.
J’ai ressenti à la lecture de ce texte une multiplicité d’émotions. De l’horreur à la tendresse, de la révolte à la compréhension, de l’envie de tuer à l’envie d’embrasser… Et notre impuissance, à nous qui avons eu la chance de naître sur le bon continent… Et dire qu’il y a des hommes et des femmes qui voudraient refuser l’hospitalité aux Syriens. Mais lisez, lisez ce genre de romans, lisez les documentaires, lisez les témoignages, lisez et éprouvez ne serait-ce qu’un peu d’empathie, de compréhension… Excusez-moi, je me suis laissé emporter…
Les mots de Julie Ruocco sont justes, elle allie la poésie au réalisme cru, elle mêle réflexion et romanesque. C’est un roman à mettre entre toutes les mains…
Un combat contre l’obscurantisme… une voix s’élève, écoutons-la…
C’est un roman qui ne nous laisse pas en repos, il s’y passe toujours quelque chose, et l’on craint pour les personnages, on les accompagne en fermant les yeux de crainte qu’ils ne tombent dans la nasse des tueurs, des égorgeurs. C’est un roman qui fait vibrer.
« Le paradis pouvait bien être un fantasme collectif mais chaque enfer était particulier, insaisissable par la langue. »
« Il n’y a que l’art pour sauver les hommes, l’art pour leur laver la langue et les yeux. »
« Elle avait gardé de sa formation d’archéologue l’habitude d’établir une relation entre le fragmentaire et le total, de comprendre à quel moment l’anecdote rejoignait l’universel et comment le chemin allait de l’une à l’autre. A la différence qu’aujourd’hui sa matière était vivante. »
« « Si elle mentionnait la révolution, sa révolution, ce n’était pas pour conquérir un État ou un territoire mais pour se libérer d’abord elle-même. Elle disait croire à cette flamme « liberté » qui brûle sans se consumer et éclaire sans ombres. »
Ohlala tu me tentes dès le 2 janvier ?!
Ouiiiiii !!! Je suis comme ça…
je le note ! il finira bien par arriver en bibli ! oui, je pense souvent à ces femmes, en Afghanistan où l’on meurt de fin et je me pose aussi la question posée un universitaire : pourquoi ils ne se révoltent pas ? car il est étrange de voir à quelle vitesse ils ont repris le pouvoir et comment ils ont détruit en quelques mois l’économie d’un pays, désormais le peuple a faim et ne se révolte pas .. j’imagine que c’est lié à leur histoire ? je me rends compte de notre chance, d’avoir eu des révoltés, des résistants, des battantes !
Dans ce roman, la lumière est faite sur les hommes et les femmes qui résistent… Pas simple quand tu risques la mort à chaque minute. Les témoignages des femmes afghanes qu’on entend régulièrement à la radio me font frémir à chaque fois. On a de la chance en France…
tu commences fort en effet! Noté!
Hé hé hé ! 🙂
Tellement tentée maintenant… merci de ce premier partage Krol 🙏 tu mets la barre haute, l’année promet d’être belle 🥰
Si l’année est à la hauteur de ce roman, elle sera haute effectivement.
Très beau billet… Un roman qui devrait énormément me parler, moi qui ai eu la chance de visiter la Syrie juste quelques années avant cette guerre sans fin et ses atrocités. Un pays magnifique au peuple chaleureux… Quelle bascule….
Et d’un autre côté, une partie de ma famille qui est très très proche de l’obscurantisme dont tu parles, une partie de cette famille née avec un cuiller en argent dans la bouche, qui n’a jamais bougé de son coin de confort en France…
Merci et oui ce roman pourrait t’intéresser…
Je n’ai pas besoin d’être convaincue, mais ton billet me donne envie de découvrir ce livre. Quand on voit les Afghanes aujourd’hui retourner au même enfer qu’il y a 20 ans, ça fait très mal. C’est plus urgent pour les Talibans de réenfermer les femmes que de donner à manger au peuple. C’est vraiment de la folie furieuse.
Oui, ça met la rage !
Un roman qui est à ma bibli, tiens. Un sujet difficile…
Difficile mais important.
Bon et bien on a le même ressenti. J’ai beaucoup aimé les personnages qui montrent d’autres visages de la guerre, de ceux qui y vivent et qui oeuvrent dans l’ombre, de la beauté de leurs combats. Oui un beau témoignage 🙂
C’est tout à fait ça. On a ressenti la même chose à la lecture de ce premier roman.
je l’ai noté!!! ma résolution de résister aux tentations a déjà du plomb dans l’aile 🙂
Dommage !!! 😉
Moi qui ai fait voeux de lire moins de nouveautés… Ça part bien mal! Cette idée, aussi, d’écrire que ce roman est à mettre entre toutes les mains. Je le prends personnel, tu vois!
Attention, je n’ai pas écrit : Marie-Claude, tu dois absolument lire ce roman… Moi aussi j’aimerais moins lire de nouveautés, mais il y a toujours des affreuses blogueuses qui nous tentent…
oui qu’est donc devenu l’espoir en Egypte, en Syrie, au Liban …. c’est si dur d’y penser .
Oui c’est sur de se dire que leurs révolutions n’a apporté que du pire…
Noté, bien sûr, mais ma médiathèque ne l’a pas encore… j’attendrai.
Ça viendra, j’espère…
Un sujet difficile mais ce genre de livres est vraiment nécessaire, oui. J’ai eu le même « emportement » en lisant L’Odyssée d’Hakim de Fabien Toulmé.;)
Il faudrait que je découvre cette BD…
J’ai lu et entendu des critiques assez négatives sur ce roman, et malgré ton avis enthousiaste, il ne me tente pas.
Ah oui ? Moi je n’en avais lu que des bonnes…
Le sujet m’interpelle et ton enthousiasme est contagieux, je suis curieuse.
Je suis sûre qu’il pourrait te plaire…
Tu donnes très envie de le lire. Le sujet et l’écriture! Je le note mais j’attends le poche…
Tu es raisonnable, c’est bien ! Je ne le suis pas toujours…
Pareil, ce n’est qu’une idée qui va encore peut-être encore évoluer 😅
quel beau billet ! et tentateur, bien sûr !
J’aime tenter… 😉
Ah oui, ça commence fort ça! Bien noté.
Chouette !
Très tentant, et l’impression que l’on va être bousculé. Merci pour le partage de ton coup de coeur !