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L’envol du moineau de Amy Belding Brown

26 février 2021

L’envol du moineau

Amy Belding Brown

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Cindy Colin Kapen

Editions du Cherche midi

2019

Lu en poche, collection 10/18

451 pages

 

 

1672, dans la baie du Massachusetts, Mary Rowlandson, femme de pasteur, se fait capturer par des Indiens avec ses enfants. Mais auparavant, sur quelques chapitres, on découvre la vie d’une femme à cette époque-là, qui doit obéir à son mari, qui ne peut sortir de chez elle sans autorisation, qui travaille du matin au soir jusqu’à épuisement, et qui est mère de plusieurs enfants, bien sûr.  Une bonne ménagère que son mari se devait d’honorer de temps en temps… Bref ! Une vie de rêve !

Le puritanisme est une vraie plaie… Mary le découvrira quand elle vivra chez les Indiens. Par comparaison…

Amy Belding Brown ne présente jamais les Indiens comme les bons sauvages par opposition aux méchants puritains chrétiens (ou l’inverse). C’est le point fort du roman. Mary souffrira chez les Indiens, elle sera confrontée à leur cruauté, sa vie sera rude, elle sera l’esclave d’une femme puissante (et oui une femme peut exercer des responsabilités chez les Indiens…) qui ne la ménagera pas mais qui saura aussi la sauver des griffes d’un homme qui voulait la prendre pour épouse. Ce séjour de trois mois chez les Indiens, lui permettra néanmoins d’ouvrir son horizon, de comprendre que la vie telle que la vivent les Anglais, n’est pas la seule possible, la seule viable. Elle va entrevoir la liberté, la possibilité de s’isoler à sa guise, de penser par elle-même. Et surtout elle va comprendre que l’esclavagisme est une aberration, ce que la Bible accepte, voire revendique, est donc une ineptie (idée qui avait commencé à germer en elle lorsqu’elle avait aidé une femme à accoucher au tout début du roman…)

L’auteure s’est inspirée d’un fait réel pour bâtir son roman. La vraie Mary Rowlandson a-t-elle ressenti tout ça ? De cette manière-là ? On ne sait pas. L’auteure ne lui prête-t-elle pas, parfois, des sentiments ou des réactions un peu trop « actuelles » ? Je me suis posée la question de temps en temps.

Mary peut agacer le lecteur par ses hésitations, ses pleurnichements, sa soumission, mais on doit sans cesse avoir à l’esprit, que ces événements se sont déroulés quatre siècles plus tôt… on ne peut la blâmer… Il n’est pas facile de s’extraire du poids des traditions et de la religion.

Non, mes bémols ne sont pas là, ils sont plutôt dans le style que j’ai trouvé trop neutre. J’aime être malmenée par les mots ou alors séduite jusqu’à relire plusieurs fois des phrases ou encore dérangée, j’aime éprouver des sensations fortes face à l’écriture d’un texte. Rien de tout ça avec ce roman. On ne trouve pas la puissance d’évocation de Tiffany Mc Daniel ou encore le souffle poétique de Richard Wagamese. Et puis, personnellement, je n’y aurais pas mêlé une tentative de romance (même si elle n’est que platonique) entre le bel Indien converti et Mary. Elle n’était pas nécessaire pour sa prise de conscience.

Pour conclure, c’est un roman plutôt agréable à lire. Je n’ai pas boudé mon plaisir. Tout ce qui touche aux Indiens me passionne, je n’ai pas perdu mon temps… mais je ne déborde pas d’enthousiasme. Je préfère les romans écrits par des amérindiens, je crois.

 

24 commentaires
  1. aifelle permalink

    Tes réserves font que je ne le note pas. Autant aller directement aux Améridiens, comme tu le soulignes à la fin.

    • Oui les auteurs amérindiens (ceux que je connais) ont une sensibilité particulière qui, personnellement, me fait fondre.

  2. tout à fait d’accord avec Aifelle :)!

  3. j’ai hésité à l’époque mais finalement renoncé, comme le dit Aifelle autant aller directement aux Amérindiens 🙂

  4. Ce roman ne m’avait jamais spécialement tentée, je le laisse donc où il est…

    • Je trouvais l’histoire intéressante et ceci d’autant plus qu’elle s’appuyait sur des faits véridiques.

  5. keisha41 permalink

    J’en ai entendu parler je croyais qu’il était difficilement disponible, non, apparemment

  6. Pas tentée et encore moins maintenant 🙂

  7. Comme toi, je préfère les romans écrits par des amérindiens. Et, comme toi aussi, «j’aime être malmenée par les mots ou alors séduite, ou encore dérangée».
    Par conséquent, je passe mon chemin et je plussoie à Wagamese!

  8. luocine permalink

    ton livre sur la photo est prêt à s’envoler .. peut-être plus que ton plaisir à le lire !

    • Ah ! alors ma photo est réussie… je n’ai pas eu de déplaisir à le lire non plus, je l’ai avalé plutôt rapidement… c’est juste que… bref !

  9. Il me tentait beaucoup mais tes bémols me refroidissent. Difficile d’égaler Wagamese et Tiffany McDaniel.

  10. J’ai senti que tu n’avais pas vraiment cru à cette histoire.

    • Si, j’y ai cru, puisqu’elle est adaptée d’une histoire vraie mais il n’est pas facile, je crois, de retranscrire les pensées d’un personnage d’un autre siècle… Mais je n’ai pas passé un mauvais moment, loin de là.

  11. J’étais bien enthousiaste au début de ton billet, puis plouf plouf… Mais si tu y a trouvé du plaisir et servi ton intérêt pour les indiens, je pourrais alors, mois aussi, en faire une lecture agréable où je ne perds pas mon temps non plus. Donc c’est tout de même noté !

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