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Tous, sauf moi de Francesca Melandri

8 août 2019

Tous, sauf moi

Francesca Melandri

Traduit de l’italien par Danièle Valin

Gallimard

2019

566 pages

 

 

 

Ça, c’est un roman dense, passionnant, instructif et dépaysant. J’ai appris plein de choses sur les relations entre l’Ethiopie et l’Italie, sur la société italienne et ses dirigeants, du début du vingtième siècle à nos jours. Quel roman !

Extrêmement bien documenté, c’est une mine d’informations, notamment sur la colonisation de l’Ethiopie, on apprend tellement de choses qu’on a peur d’en oublier la moitié. Ceci dit, des images vont rester imprimées dans un coin de mon cerveau, des images horribles, fruits d’un racisme innommable. Et la race humaine n’en ressort pas grandie, loin de là.

On perd le fil de l’histoire pendant plusieurs chapitres pour mieux comprendre la situation historique et ceci à plusieurs reprises mais cela ne nuit aucunement à la lecture parce qu’on lit autant pour s’informer que pour s’immerger dans cette histoire familiale atypique. D’ailleurs, l’auteure combine adroitement l’Histoire avec celle de ses personnages. Du grand art !

On va et vient entre plusieurs époques au gré des recherches sur ce père qui a menti toute sa vie à sa famille en lui cachant l’existence d’un enfant métis. Jamais l’auteure ne perd son lecteur, elle l’embarque avec elle, avec une assurance à toute épreuve, rien ne l’arrête.

Le personnage du père est particulièrement ambigu, fasciste un jour, à l’écoute de son fils caché un autre, détestable et parfois émouvant. Qui est-il vraiment sous cette carapace ?

Les personnages sont tous, profonds, denses, ils ne sont pas des êtres de papier mais bien des individus de sang et d’âme. Du plus petit rôle au plus important, Francesca Melandri offre à ses personnages une incarnation.

Elle a privilégié dans ce roman l’aspect historique au détriment de l’aspect romanesque, ce qui rend la lecture de ce petit pavé, assez ardu par moment.  Et en même temps elle maîtrise parfaitement la construction de son œuvre, elle met en place les pièces du puzzle avec art. Je suis admirative.

Ce n’est pas un roman qu’on dévore à pleines dents, c’est plutôt un roman qu’on déguste à petites bouchées pour en garder des odeurs, des images, des faits, pour ne pas oublier.

Un grand roman ambitieux, édifiant et engagé qui suscite une réflexion sur les méfaits de la colonisation, ou sur la place que l’Europe accorde ou pas aux réfugiés.

Je l’ai lu fin juin, et aucune de mes lectures depuis ne m’a autant passionnée.

 

42 commentaires
  1. j’en ai déjà entendu beaucoup de bien et tu confirmes mon envie de le découvrir!

  2. aifelle permalink

    Déjà noté sur d’autres blogs ; je crois que je vais attendre le poche.

  3. Alors là, je vais me faire toute petite… je l’ai emprunté à la bibliothèque et commencé, mais pas accroché du tout (je crois que c’est la famille italienne, bourgeoise, avec ses appartements, qui m’a insupportée…) c’est bête, n’est-ce pas, d’autant que j’avais adoré les précédents romans de l’auteure !

    • Bah dis donc toi, tu vas me faire le plaisir de le réemprunter et de réessayer… Tu n’étais peut-être pas disponible ce jour-là…

  4. Je viens de découvrir cette auteure avec Plus haut que la mer et j’ai celui-là sur mes étagères 😋

  5. Oh non, je m’étais promis de ne plus mettre un pied en librairie jusqu’au moins la fin de l’année !

  6. je n’ai encore rien lu de l’auteure, je commencerai peut-être par celui-ci car le côté historique, colonisation m’intéresse 🙂

    • Pourquoi pas ? Plus haut que la mer, qui est très bien aussi, est plus facile à lire.

      • noté je vais essayer de le trouver.
        Mon budget livres d’occasion explose régulièrement 🙂 🙂

  7. Je pense que ce sera mon livre de l’année, je suis admirative du travail de Francesca Melandri à tous les niveaux et ce roman fait partie de ceux qui nous font comprendre quelque chose du monde qui nous entoure. Je ne suis pas étonnée que les autres aient du mal à passer après 🙂

    • Et pourtant, il y a du très bon dans les autres, mais je n’arrive pas à être captivée de la même façon, j’ai toujours quelque chose à leur reprocher.

  8. A_girl_from_earth permalink

    Original ce combo Ethiopie/Italie. Un livre qui pourrait bien m’intéresser, ça a l’air passionnant en tout cas, à te lire.

  9. J’avais beaucoup aimé plus haut que la mer et j’ai Eva dort dans ma PAL. J’ai hâte de lire celui-là.

  10. Noté l’auteur (mais hélas pas mes biblis)

  11. Il a déjà été présent dans le bilan des coups de coeur, ce qui est en effet plutôt bon signe. J’espère avoir l’occasion de le lire.

  12. alexmotamots permalink

    Une auteure que j’adore. Tous ses romans sont passionnants.

  13. Un roman instructif sur des coins du monde que je ne connais pas ou que très peu, je ne peux que signer !

  14. Ce que tu en dis + le titre de ce roman que je trouve très beau = je veux le lire!

  15. Ariane daphné permalink

    J’ai beaucoup aimé « plus haut que la mer » et ton avis me donne encore plus envie de découvrir un autre livre de cette auteure.
    Daphné

    • J’ai beaucoup aimé les deux, mais celui-ci est vraiment extraordinairement bien documenté, écrit, construit !

  16. Je suis plongée dedans et complètement happée !!!

  17. J’avais adoré son précédent roman « Plus haut que la mer », et je lirais bien celui-là.

  18. luocine permalink

    j’adore cette auteure je vais certainement le lire , merci de l’avoir signalé.

  19. Mior permalink

    Au début de l’été j’ai lu « Eva dort » que j’ai vraiment beaucoup aimé ; j’ai appris des choses, j’ai eu très envie d’aller découvrir les paysages de ce coin d’Italie qu’elle évoque et qui est aussi le Tyrol du Sud (les bons livres me font toujours cet effet là 😉), et j’ai été émue par une très belle histoire, le tout dans une narration impeccable, précise mais concise. Est-ce pour ça que je suis déçue ici ? Attendais je trop de ce troisième opus de la signora Melandri ? Je viens juste d’en terminer la lecture. Que c’est bavard, et redondant ! Sans vraiment être très clair en même temps (pourquoi aller coloniser l’Éthiopie, en premier lieu, par exemple ). Les batailles sont atroces, on finirait presque par lire en diagonale. Et, last but not least que ce patriarche m’est resté foncièrement antipathique !! Bon, le livre n’est pas mauvais, hein, mais vraiment vraiment trop long (à mon goût bien entendu !). Même si la dernière heure de lecture est bien fichue et captivante, ouf !

    • C’est amusant, chaque lecteur perçoit un roman à sa manière. Je n’ai trouvé nulle longueur à ce roman, je me suis délectée de chaque mot, chaque phrase… Bon, je vais devoir lire « Eva dort » maintenant !

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