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La lettre à Helga de Bergsveinn Birgisson

28 août 2013

Titre : La lettre à Helga

Auteur : Bergsveinn Birgisson

Traduit de l’islandais par Catherine Eyjolfsson

Édition : Zulma, août 2013

 

 

L’écriture comme un exutoire.

 

Un éleveur de brebis écrit à la femme de sa vie, la seule qu’il a aimée, alors qu’il est « un vieillard impossible qui prend plaisir à raviver de vieilles plaies. » Mais il n’a jamais vécu avec elle, il n’a jamais voulu quitter sa vie pour elle…

Ce n’est donc pas seulement un hymne à l’amour mais aussi une ode à la nature… Rien n’a pu lui faire quitter sa campagne, ses moutons, son ciel nuageux, ses automnes et ses printemps, et surtout pas elle. D’ailleurs, entre amour et désir physique, on ne sait démêler tout au long de cette lettre ce qu’il ressent vraiment pour elle… enfin, si, on comprend, à la fin… et on comprend aussi qu’écrire ces mots a permis au personnage de saisir ce qu’il ressentait vraiment. La vie, c’est aussi faire des choix, qu’on ne regrettera pas quand viendra l’heure de partir définitivement… ou qu’on regrettera… trop tard…

Il y a de la poésie dans ce texte, des touches d’humour et on le lit d’une traite, d’une part parce qu’il est court, et d’autre part parce qu’il nous faut arriver au terme de la lettre pour réaliser qu’elle était le but inavoué du narrateur et pour lire ses derniers mots chargés d’émotion.

Et justement, ce n’est qu’à la fin que l’émotion est devenue palpable. C’est peut-être pour cette raison que ce livre n’est pas un coup de cœur…

Et pourtant, j’ai suivi avec plaisir les anecdotes racontées tout au long de ces pages… notamment, ce passage sur la dépouille de la femme de Gisli qu’il a laissée plusieurs mois dans le fumoir parce qu’il n’avait aucune autre solution pour la garder intacte, « brunie et bienheureuse, embaumant comme le meilleur des gigots fumés », ce passage, disais-je, est tout simplement succulent (sans jeu de mots) et émouvant.

 

Mais ce roman n’est pas un coup de cœur parce que j’attendais davantage… plus de profondeur, plus de densité, plus d’émotion… peut-être… J’ai passé un très agréable moment avec en arrière-goût ce petit manque d’un petit je-ne-sais-quoi… et pourtant, plus les heures passent, plus je réfléchis à cette lecture, et plus j’aime les questions qu’elle a suscitées en moi. Ce roman est une lente prise de conscience…

 

Quelques extraits qui percutent :

 

« C’est quand les gens tournent le dos à leur histoire qu’ils deviennent tout petits. »

 

« On pourrait à la rigueur accepter de vivre en ville, si l’on n’y devenait pas tellement ennuyeux à force d’y habiter. Même les canards de l’Etang, qui voient tout leur tomber cuit dans le bec, perdent leur éclat et leur caractère. »

 

« Je me souviens d’avoir dit que les sociétés humaines étaient comme les pommes. Plus elles sont grosses, moins elles ont de goût. »

 

Et je ne peux pas recopier ici la dernière phrase (pour ne pas dévoiler la fin) mais elle est tout simplement splendide !

 

C’était ma première lecture du challenge 1% de la rentrée littéraire 2013 ! challenge 1%

19 commentaires
  1. Ce sera un coup de coeur a posteriori !

  2. Ah, j’ai hâte de le lire ! (c’est prévu)

  3. Mon 1er coup de cœur de la rentrée. Ce vieux monsieur est tellement touchant !

  4. Bonjour ! Une lecture très tentante…

  5. je vais surement le lire , tu donnes bien envie
    Luocine

  6. je l’ai noté la semaine dernière…

  7. Bientôt pour moi, je verrai

  8. Bon, en fait, j’en ai pris un autre… peut-être ton billet m’y a-t-il incité ???

  9. Olivier Moss me le met de côté normalement. J’aime bien cette lente prise de conscience; parfois certaines lectures font le chemin inverse.

  10. je susi plus enthousiaste que toi, j’ai beaucoup aimé et j’ai mis un lien vers ton blog

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